12h, 15h, 18h, 35h d’effort… L’ultra – les longues distances – jouent avec la notion temporelle et créent une distorsion de l’espace-temps. Des minutes paraissent des heures, des heures semblent s’écouler en quelques secondes. Les repères tombent, la connexion se fait avec le moment présent, la concentration est à son maximum.
Les contraintes imposées sur le corps et l’esprit sont telles que seul se met à compter l’instant vécu, ce qui exacerbe profondément le sentiment d’être vivant, le sentiment d’être à sa place dans l’ordre cosmique des choses.
L’ultra est un mythe de notre vie. Que ce soit réel ou imaginaire, pendant ces quelques heures se fait l’expérience de toute une vie ! On y ressent sa condition sociale, comme sa condition naturelle, on s’interroge, on découvre ses énergies, ses valeurs, ses faiblesses. Comme les montagnes que l’on monte et que l’on descend, on grimpe dans l’extase et on retombe dans les ténèbres et la douleur.
C’est un chemin d’acceptation – de soi, de sa finitude mais aussi de sa grandeur, du hasard, et de la beauté. Le paradoxe étant que pendant cet instant, malgré toutes ces sensations, toutes ces réflexions, beaucoup de questions sur le sens de l’ordre cosmique des choses trouvent une réponse ou, peut-être plus naturellement encore, ne viennent plus à se poser. L’apaisement ultime.
Dans ce qui peut parfois paraître futile ou étrange – une course, une aventure, un parcours – c’est toute cette expérience qui se joue. C’est peut-être beaucoup pour courir après ce temps mais si cela permet de le suspendre encore un instant…
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